Un long passé de tournerie

 

Saint-Claude a acquis sa réputation pour la fabrication de la pipe en bruyère. Ce qui surprend le plus, c’est que Saint-Claude se soit fait cette réputation mondiale en travaillant un bois qui ne pousse pas dans la région. Si la ville est le berceau mondial de la pipe en bruyère, c’est qu’un long passé l’y a préparé.

          Nommé successivement Condat, Saint-Oyend-de-Joux et enfin Saint-Claude, ce centre religieux fondé par les moines Romain et Lupicin vers 430 est devenu lieux de pèlerinage, surtout lorsque l’on découvre que près de 400 ans après sa mort, le corps de Claude, abbé au VIIème siècle, s’est parfaitement conservé. Miracle qui a fait beaucoup pour la renommée du lieu. Quelques miracles plus tard, l’abbé devenu saint lui donnait son nom et, avec le passage et le séjour des pèlerins, s’est installé le commerce et la fabrication des objets de piété (statuettes, chapelets …), objets tournés en bois fourni par les montagnes voisines. Ainsi est née la tournerie qui, au cours des siècles suivant, a élargi sa gamme aux objets usuels.

          Il est difficile de connaître la date précise à laquelle les tourneurs de Saint-Claude ont commencé à fabriquer des pipes. Mais il est à peu près certain que dans la ville et ses environs, on a tourné dès le début du XVIIIème siècle et peut être avant, des tuyaux (corbins) en buis, en os puis en corne pour les pipes en terre, ou en porcelaine fabriquées dans d’autres contrées.

          Vers 1750, lorsque l’usage du tabac se fut beaucoup répandu, on commença à faire des pipes en quantités plus importantes avec les bois du pays, Hêtre, Alisier, Erable, Buis, Merisier, mais ces bois non résistants ne faisaient pas un long usage. La pipe ne se distinguait pas, vers 1800, des autres articles de tournerie et était tournées par les mêmes ouvriers. Lors de l’exposition générale de 1806, sur 184 échantillons énumérés, figurent seulement 4 pipes. Puis arriva la bruyère.

 Une superbe pipe en Merisier d'époque qui se fume avec grand plaisir...